mercredi 14 mars 2012

Madagascar : le double visage du secteur technologique

 

Si vous vous baladez à Behoririka dans les magasins d’informatique que ce soit à Citic ou Surprême Center, vous aurez l’impression que ce secteur connait une bonne croissance. Les magasins sont remplis de gadgets derniers cris des téléphones scintillants aux écrans plasma qui occupent un mur entier. Il n’y a que l’embarras du choix ou plutôt non, car si on y regarde de plus près, on se rend compte que la totalité des boutiques vendent les mêmes produits avec les mêmes prix et même avec les mêmes promotions ! Par sa concentration de boutiques au même endroit, le secteur de l’informatique est le plus bel exemple du monopole économique à Madagascar. On pourra demander à ces vendeurs pourquoi ils vendent toujours la même chose alors qu’un secteur en bonne santé implique une diversité dans le choix et les prix.

Les versions officielles répondront que c’est ce que le client demande ou que c’est pour suivre la tendance technologique, mais la vérité est qu’aucun de ces vendeurs n’est indépendant. Ils sont à la merci de gros requins du secteur qui achètent des dizaines de conteneurs des mêmes produits et qui sont ensuite distribués chez les petits revendeurs. L’aspect le plus vicieux est que les vendeurs n’ont pas le choix, car il faut des fonds conséquents pour importer ses propres marchandises sans compter qu’il faut aussi combattre les corruptions dans la douane et autres taxes propres à Madagascar. J’ai entendu un vendeur qui disait sans rire : “ Il est impossible d’importer quelque chose sans passer par la corruption.”

Alors plutôt que de trouver des solutions innovantes, par exemple, se regrouper pour avoir un impact plus important, ils se contentent de vendre ce qu’on leur donne. On peut les considérer juste comme des employés qui travaillent et amassent des bénéfices pour les requins qu’on ne voit jamais.

 

Le potentiel du marché d’occasion

 

A une époque, le marché d’occasion de Tana était une célébrité dans le genre. On pouvait trouver de tout des alimentations PC démontés jusqu’à des ordinateurs complets à moindre prix. J’ignore ce qui s’est passé, mais ce marché très potentiel a disparu du jour au lendemain pour être remplacé par des boutiques prétendument Gasy, mais qui sont estampillées Made In China. L’une des lois pour réussir dans le commerce est d’adapter l’offre à la demande. Les gens n’ont pas les moyens de dépenser des millions dans des machines ultra-modernes juste pour donner l’illusion qu’on est branché.

Le marché de l’occasion permettrait de satisfaire une partie de la population, notamment étudiante qui pourrait utiliser les nouveaux moyens de la technologie. Mais on nous a conditionné de sorte qu’on croit que ce qui est d’occasion est forcément de la merde même si le vendeur d’écran plasma neuf vous dira le plus sérieusement du monde que la garantie n’est que de trois mois alors que la norme d’un produit neuf est de 12 mois minimum. Même en France, on fait des économies et de nombreuses personnes se sont lancées dans le reconditionnement d’ordinateurs en panne pour les revendre à des prix imbattables. Et cela marche puisque les principaux clients de cette nouvelle tendance sont les entreprises qui peuvent faire des économies conséquentes. Evidemment, si on cherche, on trouve du matériel d’occasion, mais je rêve plutôt d’un grand marché à ciel ouvert qui serait rempli avec un joyeux bordel et qui serait le paradis des bidouilleurs et des geeks.

Comme d’habitude, Madagascar est en retard par rapport aux nouvelles habitudes des consommateurs. Dans les pays riches, on cherche des produits économiques même s’ils n’ont plus leurs premières jeunesses. Mais dans notre pays très très pauvre, on nous dit d’acheter des trucs qui coutent 3 à 5 fois le salaire mensuel d’un cadre. Paradoxe, vous avez dit, paradoxe ??

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