Malgré l'arrivée de deux cables optiques : Lion (Orange) et Eassy (Telma), Madagascar se trouve encore dans un désert où la connexion n'est qu'un mirage, et les rares oasis sont pour des clients privilégiés. Depuis toutes ces années, on attend vraiment une gamme d'offres qui correspondent aux attentes de la population, c'est à dire une connexion moins chère que tout le monde peut se payer. Le problème est que tous les opérateurs font une entente sur les prix, et en cas de baisse, ils compensent par la mauvaise qualité du service.
Un article sur le sujet mentionne que les opérateurs ne baissent pas les prix, car il n'y a pas assez d'abonnés, et c'est la chose la plus ridicule que j'ai entendu ! C'est en baissant les prix qu'on augmente les clients, et non le contraire. De plus, ils ont bien baissés les prix concernant la communication téléphonique et les SMS, et la couverture est assurée sur tout le territoire, aussi ce n'est pas non plus un problème d'infrastructure. Des pays développés n'ont parfois qu'une seule fibre optique, et ils arrivent à proposer des offres de qualité et compétitives. Alors où est le problème sinon une mauvaise foi de part et d'autre afin de bloquer l'un des secteurs les plus porteurs de notre époque ?
Des retombées négatives sur les compétences
Etant donné que seule une partie de la population peut se payer cette connexion, les compétences sont bridées dès le départ, car personne n'est assez fou pour risquer un investissement sur un domaine aussi hasardeux. Le problème de l'équipement est également important, et l'erreur des magasins spécialisés est de proposer des équipements tellement chers que les regarder donnent mal au coeur. A quoi sert un téléphone tactile à un million d'ariary, alors que la 3G n'existe que dans quelques quartiers du centre-ville, et encore cela ne marche que si vous êtes à l'extérieur. Le prix d'une carte graphique est parfois plus chère qu'un ordinateur complet, et le cercle vicieux est que les gens achètent du matériel d'occasion qui ne dure que quelques mois.
C'est une hérésie de suivre la tendance technologique sans compter le monopole des opérateurs. Je vous conseille de faire un test, visitez les magasins tels que CITIC et Supreme Center, et vous verrez les mêmes périphériques dans toutes les boutiques. La raison est qu'il n'y a qu'un seul importateur, et que tout le monde se fournit chez lui par manque de fonds. Si on ajoute les difficultés bancaires tel que le paiement en ligne qui est inexistant, on voit que cela bloque de tous les cotés. Des solutions comme Paypal ou le paiement mobile sont d'excellentes alternatives pour court-circuiter les banques.
Ainsi, seules quelques entreprises ont l'apanage des services, et l'Outsourcing peut s'en donner à coeur de joie. Ce dernier n'est pas une solution comme certains le pensent, car les compétences vont profiter à quelques minorités situés dans d'autres pays.
Une formation inadaptée et l'intérêt des médias citoyens
Un autre problème est les formations spécialisées, autrefois je voulais me former à l'infographie, et les rares cours ne donnaient qu'un aperçu des outils, et la plupart du temps, c'était copié des e-book qui pullulent sur le Web. Apprendre à bien utiliser les outils du Web nécessite une formation approfondie et la culture de la recherche. La jeunesse malgache est assoiffée de ces technologies, mais ils ne les exploitent pas à 100%. ils commettent l'erreur de se réfléter sur les tendances étrangères au lieu de se concentrer sur ce qui peut les aider dans leur l'avenir. Je sais que défendre les médias citoyens est impossible dans les conditions actuelles, mais c'est plus que d'exprimer son opinion. Au début, j'ai lancé mon blog par loisir, mais par des hasard tortueux dont le Web a le secret, il s'est spécialisé dans la niche de Madagascar, cela m'a forcé à m'informer plus et de manière diversifié. Cela implique également une maitrise de l'écriture sans oublier les personnes qu'on rencontre au fil des discussions.
Promouvoir les médias citoyens n'est pas juste promouvoir la liberté d'expression, mais ils servent à progresser dans plusieurs disciplines dont la principale est la recherche d'information. Les personnes qui savent extirper les bonnes informations de la jungle du Web sont rares, et le média citoyen est un excellent exercice pour le faire. La crise malgache nous a montré qu'on pouvait réagir rapidement en exploitant les outils de communications. L'un des meilleurs exemples est Twitter, de nombreuses personnes l'ont utilisés pour relayer la crise, alors que ce n'était même pas un outil connu du grand public.
La solution de l'internet mobile
On voit que l'équipement et la formation sont des problèmes, et c'est pourquoi je pense que la révolution internet à Madagascar passera par le mobile, les infrastructures sont déjà là, et la majorité de la population (même le monde rural) utilise les téléphones mobiles pour communiquer. Les marques asiatiques sont moins chères et permettent de se connecter facilement, de ce fait, les opérateurs auraient tout intérêt à promouvoir ce service. Je le dis clairement, la priorité n'est pas une connexion ultra-rapide, mais des prix abordables pour tout le monde. Un téléphone comporte l'avantage de la mobilité et une électricité occasionelle. Un foyer n'a pas besoin d'électricité permanente pour utiliser le téléphone, car c'est également un problème même dans certains quartiers de la capitale.
La plupart des sites possèdent une version mobile, et ils consomment moins de bande passante, aussi c'est tout l'intérêt des opérateurs d'investir dessus. De nombreux pays en Afrique ont fait ce pari et l'ont réussis, alors on peut réussir car on est dans les mêmes conditions.
Mon humble conclusion est qu'il suffit d'un petit coup de pouce pour mettre la machine en marche, et cela vient également d'une volonté politique. Assez de communication et de publicité mensongère, Orange a dépensé des millions d'ariary pour faire sa dernière publicité sur Internet, mais la réalité des prix refroidit toutes les ardeurs numériques.
Fournisseurs d'accès à Internet de Madagascar, baissez les prix des connexions et admirez ensuite le spectacle de la révolution numérique malgache !
