lundi 26 avril 2010

Madagascar : L'histoire ordinaire d'une famille



Il était une fois un homme appelé Nirindra qui avait un travail, une femme et des enfants. La vie était dure, mais il s'en sortait. Il s'occupait rarement de la politique car cela ne le concernait pas, et il était un gardien de sécurité pendant la nuit dans une entreprise de métallurgie. Un jour, il entend parler d'un jeune homme qui se lance en politique, et tout le monde l'apprécie, il gagne haut la main les élections municipales, et il fait de grandes choses dans la capitale ou en tout cas il en donne l'impression.

Ses collègues au travail sont aussi enthousiastes que lui, car c'est le seul à s'opposer au président qui n'est pas tendre avec les critiques, et on pense que c'est le seul adversaire valable. Après des mois de tensions, le jeune homme décide de manifester sur une place publique où il promet une vie meilleure à tout le monde. Nirindra est satisfait de son travail, mais il espérait plus de la vie telle qu'une meilleure maison, une école convenable, et de la bonne nourriture tous les jours. Aussi, il décide d'aller un jour sur cette place publique pendant son jour de congé, et il est séduit par le discours du jeune opposant. Ce dernier promet que chacun pourra créer son entreprise et  aura une voiture, que les terres ne seront plus aux étrangers et qu'un avenir radieux les attend s'ils l'accompagnent.

Nirindra était loin d'être un génie et il tomba complètement dans le panneau, et il devient un fervent supporter avec les hourras et la panoplie orange qui va avec. Il participa chaque jour au meeting, et même son chef de quartier qui était du même bord l'encouragera en lui donnant de l'argent régulièrement. Nirindra crut que l'heure de la délivrance était arrivée, et il négligea son travail préférant encourager d'autres à suivre le chemin du changement. Son employeur le mis à la porte, mais ce bon chef de quartier lui dit que c'était pas grave, et qu'il y avait de l'argent à profusion. On lui promit des fonds pour une petite épicerie dès qu'on aurait gagné.

Les choses s'accélérèrent au bout de quelques mois, et le président actuel s'enfuit laissant la place vacante. Le jeune homme se proclama président et ses discours étaient aussi enflammés qu'autrefois...pour le moment. Nirindra attendit les fonds, mais curieusement le chef de quartier se mit à l'éviter et même à le menacer. Il n'avait plus de boulot et l'atmosphère devint lourde à la maison. Les billets distribués chaque jour pendant les manifestations s'épuisaient et personne ne voulait l'engager.

Après 30 jours de querelles quotidiennes, sa femme le quitta en emmenant les enfants ce qui acheva de le détruire. Il se mit à boire en espérant toujours l'El Dorado promis par le jeune homme, mais rien ne vint sauf des menaces précises parce qu'on savait qu'il était du coté des oranges. Des partisans de l'ancien président le connaissaient dans son quartier, aussi il évita ces derniers restant jusqu'à la fermeture des bars et en quémandant auprès des riches en voitures qui s'arrêtaient à coté des vendeurs de brochettes.

Le ventre tiraillé par la famine, un jour il vola le sac d'une femme dans le marché de 67 Ha, et il empocha une jolie somme. Le week-end de Paques approchait et il décida de le fêter comme il se doit. Mais il oublia une chose fondamentale qu'on ne doit pas trop boire alors qu'on est sous-alimenté. Il tomba dans un coma ethylique après 36 heures passé à boire du mauvais rhum. On l'emmena à l'hopital, mais les médecins refusèrent de le soigner car il n'avait pas d'argent sur lui. On le laissa dans le couloir d'attente et c'est une infirmière en stage qui constata son décès quand elle prit son service à 6 heures du matin. Et ainsi prit fin la vie d'un homme qui n'était pas une lumière mais dont on avait rempli la tête d'étoiles imaginaires.

Cette histoire vous semble un peu farfelue hein ? Et pourtant c'est arrivé dans un quartiers voisin, et ce sont ses anciens collègues qui en parlaient à coté d'un vendeur de brochettes...

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