jeudi 22 avril 2010

Madagascar : Jusqu'où on peut aller ?



Par définition, la nature humaine tend à s'adapter à toutes les situations aussi tendues que soit-elles. Le choc fait place à l'analyse, puis à l'habitude et enfin à la banalité. La crise de 2009 est restée dans les mémoires par sa violence, car c'est la première fois qu'on a vu de tels évènements dans la capitale. L'exemple serait de la grenouille qu'on plonge directement dans l'eau bouillante, elle s'en rend compte immédiatement et essai de s'échapper. Mais si vous plongez cette même grenouille dans une eau froide qu'on réchauffe peu à peu, elle ne se rendra compte de rien car elle s'habitue à la violence de sa situation.

Le même parallèle est possible avec ce qui se passe dans le coin, j'ai déjà dit qu'à force de crier au loup, il va vraiment sortir du bois. Les actes de banditismes se multiplient, et les dahalos deviennent des gendarmes et vice versa. On ne sait plus à qui faire confiance, et je ressens une atmosphère de peur quand je me balade dans les rues. Le moindre éclatement de pneu fait tourner les têtes, et le corps est déjà en position de s'enfuir. Cette attitude n'existait pas il y a un plus d'un an, alors qu'est-ce qui s'est passé ? Est-ce qu'on commence à ressentir l'eau chaude où on s'habitue ce qui serait la pire des choses.

Plusieurs actes de violences ont émaillés l'actualité, des grenades à gauche et des taxis kamikaze à droite. En fait, on n'utiliserait pas de meilleure méthode pour imposer une police soi-disant communale conduite par le roi des voleurs. Les mêmes questions n'ont pas toujours de réponses, qui est responsable de leurs recrutements, quels droits possèdent-ils ? J'ai entendu dire que c'était sur la base du volontariat, et donc le paiement se fera en nature puisque les bandits pourront agir à visage découvert ? Police communale ou communautaire, je m'en fiche, je leur donne simplement le nom de milices armées chargées de suivre les ordres de leurs maitres.

A première vue, ce type d'initiative parait louable, mais elle comporte des risques énormes, dont la première est le contrôle. On doit savoir qu'il existe déjà ce type de milice dans certains quartiers huppés, et ce sont des sociétés de sécurités qui en sont responsables. J'avais dit une fois que c'est une situation possible si la paupérisation augmente de manière drastique, et malheureusement, j'avais raison une fois de plus. Pas mal de personnes se sont enrichis au cours de cette crise, et pas seulement des politiciens, des civils sont devenus riches en quelques mois alors que cela parait impossible avec leurs revenus apparents.

Depuis l'annonce de faux-coup d'état, une certaine personne n'a cessé de vanter les mérites de ces milices, et on ne trouverait pas de meilleur prétexte si on voulait placer ses propres hommes dans chaque quartier de la capitale. De plus, la confusion risque d'être grande, car il existe déjà des polices qui surveillent les quartiers, et on risque d'assister à une course de mérites individuelles plutôt que d'assurer la sécurité de la population.

Une négociation quasi impossible





Étonnamment, tous ces incidents surviennent à quelques jours de négociations bilatérales, et il semblerait que la nouvelle feuille de route écarte pas mal de personnes si l'on croit aux agissements de ces dernières. Un TGViste disait qu'il ne faut pas aller en Afrique du Sud, et que si négociation il y a, elle doit se faire à Madagascar. On ne demande pas mieux, mais il est impossible pour qui que ce soit dans ce pays d'assurer la sécurité des 4 mouvances, et cela signifie que la HAT ne contrôle plus absolument rien. Les grèves se multiplient, les zones franches commencent à gronder, le moindre incident tourne à la lapidation publique, et je le dis clairement, je n'ai pas vu une telle atmosphère même en 2009.

Une négociation entre Ravalomanana et Rajoelina est intéressante puisqu'ils sont les deux principaux responsables de la crise, mais la situation a changée entretemps. On essai d'écarter Maputo car les 4 mouvances y sont présentes, et on est étonné par le silence de Zafy et Ratsiraka. De plus, Monja a choisit la tactique du rapprochement en faisant la tournée des zones rurales, et la HAT se fait des ennemies au sein même de l'armée qui n'est plus divisés, mais complètement éclatée. Négliger tous ces facteurs ne résoudrait pas la crise, et cela risque même de l'empirer, car la confusion des intérêts sera plus important, et le retournement de veste sera plus rapide que jamais.

Le colonel Ravalomanana se ridicule de plus en plus par ces arrestations pitoyables, et ils seront obligés d'augmenter les intimidations pour garder le contrôle. Ils ont sans doute pensé que la grenouille crèverait rapidement dans l'eau chaude, mais cette dernière résiste encore et toujours, et c'est le réchaud qui est sur le point d'exploser.

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