vendredi 16 avril 2010

Madagascar : Chroniques d'un voyageur de Taxi-be



Soyons léger pour une fois et parlons de tout et de rien, aussi je vais vous raconter un de ces journées où tout va de travers. Pour moi, le vendredi est le pire jour de la semaine où la poisse est toujours au rendez-vous. De plus, je devais aller à la banque, et je considère cette dernière comme une fusion entre le dentiste tortionnaire et le bureau des impots. On dirait que leurs employés sont entrainés pendant des années à nous emmerder et à voler notre fric. Mais avant même d'atteindre cette banque démoniaque, je dois utiliser le Taxi-be (transport en commun) qui est juste l'équivalent d'un camp de concentration.

Ma place préférée est à coté de la vitre, et je vous conseille toujours de la choisir, et de vérifier avant tout qu'elle s'ouvre sinon c'est l'asphyxie directe. Je me demande comment certain font, mais ils ont toujours les plus belles filles à coté d'eux, et moi... eh bien ! une personne s'asseoit à coté de moi, et j'ai failli sursauter si on était pas serré comme des sardines dans ces machins. J'hésite à donner un avis sur cette voisine, car à première vue, j'ai eu l'impression que c'était Manandafy déguisé en femme, mais c'est ensuite que j'ai su que c'était la vieille qui donne une pomme à la belle bois au dormant. Au lieu de pomme, elle sort un truc bien huileux et gras qui serait idéal pour une publicité pour le mauvais choléstérol, et elle commence à manger et mastiquer comme si sa vie en dépendait. Je vous dis pas mon humeur avec le stress d'aller à cette fichue banque, et il faut que cette vieille peau (dans tous les sens du terme) commence à faire ses simagrées.

Ce n'était pas ça qui me dérangait, car tout le monde fait ce qu'il veut avec notre trop plein de démocratie, mais le fait qu'elle crachait une partie ce qui a transformé mon jean's en une affiche de smarties. Mais ca ce n'est rien comparé à ce qu'elle a lancé à la femme qui était devant nous, cette dernière risque d'avoir une sacré surprise quand elle dénouera ses cheveux...

Alors que je me demandait comment sortir de ce merdier, une autre femme vient s'asseoir au milieu de la rangée, et évidemment, elle était assez grosse pour fléchir le bus de moitié. Deux autres poids lourds se sont assis sur les deux dernières place de l'autre coté, et on est enfin parti. Donc résumons, nous avions 3,5 tonnes d'un coté, et moi et la vieille sorcière baveuse de l'autre coté. Et vous imaginez que j'était carrément collé à la vitre avec le poids, et c'était juste si ma jambe ne passait pas par la fenêtre.

Je faisais semblant de regarder le paysage, mais mon objectif n'était pas de mourir étouffé tout en essayant d'extirper mon sac à dos sous les pieds de la vieille femme. Quand il y a un arrêt, il faut bien crier :" Miala ", mais tout ce que j'ai pu sortir ressemblait à un miaouuu !! Le receveur comprenant mes intentions d'évasion se mit à siffler d'une telle façon que j'ai cru que Mozart s'était réincarné !

Mon énervement est à son comble, car la vieille peau fait comme si de rien n'était et bouffe tranquillement. Heureusement que mon éducation m'a sauvé, car j'avais très envie de fracasser sa tête sur la vitre, et d'éclater de rire au milieu de tout le monde. Finalement, elle s'enfonce de quelques centimètres sur son siège, et c'est une règle du taxi-be, personne ne se lève alors que ce serait plus facile, non, il faut se frayer un chemin avec tout le monde assis vous regardant d'un oeil de merlant frit.

Donc le bus s'arrête, et voici la méthode pour atteindre la sortie : D'abord on lève un de ses pieds bien haut quasiment sur les têtes des autres, et on enjambe pour le mettre au milieu de la rangée. Mais en même temps, il faut utiliser ses mains en protection sinon on bascule de l'autre coté, et pendant que vous êtes dans cette position, votre esprit doit anticiper en permanence les mouvements du taxi-be sinon vous passez à travers la vitre opposée. La deuxième jambe qui s'ennuie encore sur la chaise fait un grand mouvement latéral qui fait suivre l'autre jambe. On regrette juste de ne pas avoir de lance-flamme pour se frayer un chemin, mais laissons cela aux citoyens du capsat.

Alors que je mettais un pied à terre, le bus fait un bond en avant et j'ai failli être propulsé vers le pare-brise d'un autre bus qui n'était qu'à quelques centimètres derrière. Une satisfaction tout de même, je marche sur les pieds du Mozart de service qui devient rouge, mais n'ose rien dire en voyant mon regard de la mort. Sorti de là, j'ai eu l'impression d'avoir été bombardé par l'artillerie pendant toute une journée, mais Dieu merci, je suis sain et sauf.



Arrivé à la banque, j'apercois une queue ressemblant à l'exode des hébreux en Egypte, mais je tiens mon mal en patience pensant à ce que je vais faire avec l'argent encaissé. Enfin mon tour après 2h30 d'attente ! La caissière me dit tranquillement que le chèque comporte une tache d'huile et qu'il faut le changer... Cette tâche à la con était sur le coin supérieur du chèque, et cela n'alternait pas la visibilité des chiffres et des lettres. Eh oui ! vous avez deviné, c'était le truc graisseux du manandafy travesti qui l'avait crée quand je l'ai touché en tentant de sortir.

En voyant mon visage se transformer en tueur en série constipé, la caissière s'empresse d'ajouter qu'il ne faudra pas le changer, mais de l'approuver avec une deuxième signature. Je téléphone illico au propriétaire du chèque qui m'annonce qu'il est à Tamatave avec toute sa famille pour des vacances.. et qu'il espère que je dépense déjà l'argent du chèque en bonne compagnie... De peur de briser la vitre avec mes hurlements, je sors doucement et lui crie au téléphone qu'il a intérêt à trouver rapidement une solution sinon je le découpe en rondelle fines de 2 millimètres, et que je le fait bouffer à mes chiens affamés de trois semaines ! Sentant légèrement l'urgence de la situation, il m'explique d'aller voir un ami qui me donnera un de ses chèques et le tour est joué. L'ami en question était ivre mort, et il n'arrivait plus à se rappeler de ce qu'il fallait mettre dans un chèque, aussi je lui ai tenu la main, et on a fini d'écrire ce chèque de merde au bout d'une demi-heure.

Pouh, après encore 2 heures d'attentes supplémentaires, je percois enfin le chèque avec la caissière me disant encore : " C'est bien vous sur la photo de la CIN ? ". Mes mains en sueurs, ma chemises trempée, mes cheveux ébourrifés et ma casquette de travers lui ont sans doute confirmés que oui, et elle s'est empressé de me donner mon argent. En fait, elle avait l'air carrément paniquée, car elle s'est trompée plusieurs fois avec la machine à compter. Cette caissière se souviendra de moi pendant longtemps, car elle me jetait des regards terrifiés par la vitre alors que j'étais sorti de la banque.

Je me suis dit : " Enfin, on l'a fait quand même ! ", et je me rappelle qu'il faut prendre un autre taxi-be pour rentrer, et mon sourire se transforme en rictus de hyène affamé. Cette fois ci, plus de vieille peau et de fille de Gargantua, sauf deux minettes derrière qui parlaient de leurs mecs respectifs et de qui avait la plus grosse... Ces deux pies parlaient tellement fort que je pense que même les personnes dans le comas à la HJRA les ont entendues quand on est passé à proximité. J'essaye de mettre à fond mon baladeur avec Metallica dans ses heures de gloire, et pourtant ces deux apprenties sorcières (surement de la famille de la vieille peau) arrivaient à se faire entendre. Et cela a continué pendant tout le trajet avec les embouteillages, et moi qui n'avait rien bouffé depuis le matin, je vous le dis très clairement, j'étais à deux doigts de me mettre à nu, de crier et de danser au milieu de la rue comme on peut le voir dans certains quartiers. Je sais maintenant pourquoi ils sont cinglés, c'est parce qu'ils ont vécu un journée semblable à la mienne !

J'étais vraiment très très énervé, et mon regard tombe sur un mec dans une petite épicerie qui ne contenait que quelques bricoles. il jouait tranquillement et doucement de la guitare, et je me suis calmé d'un coup et je me suis dit qu'il y a vraiment des bénis de Dieu sur cette terre qui gardent le sourire alors qu'ils n'ont presque rien. J'espère que je serais une de ces personnes dans une prochaine vie !

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