lundi 30 novembre 2009

#Madagascar : Pillage de bois de rose, et ca continue !



J'ai déjà écrit un article basé sur un rapport de plusieurs ONG concernant le trafic de bois de rose qui considérablement augmenté pendant la crise 2009. Toutefois, certains hyppocrite ou crédules ont refusé de croire disant que c'était invraisemblable, que les chiffres ont été augmentés, etc. Il est vrai qu'il est difficile d'avoir des chiffres précis sur ce genre d'activité, ce serait quand même le comble que les traficants publient leur chiffres d'affaires hein ?

Un autre rapport vient d'être publié par Global Witness et l'EIA (Environnmental Investigation Agency) vient d'être publié renforcant les chiffres précédédents et montrant qu'on avait sous-estimé l'importance du trafic. On peut télécharger le document en français, aussi ne vous privez pas, car il est nécessaire de comprendre tout ce bordel. Il est à noter que ces deux organismes ont étés appelés par les autorités, à savoir, le Madagascar National Parks (MNP), et du minitère des Eaux et Forêts.

Voici quelques citations que j'ai tiré de ce document :


Global Witness a déjà fait ses preuves dans les travaux de recherche exposant la corruption dans le commerce et l’exploitation des ressources naturelles, et travaille à l’élaboration de campagnes visant à mettre fin à l’impunité, aux conflits liés aux ressources et aux atteintes aux droits humains et environnementaux.



EIA enquête et mène des campagnes contre les crimes liés à l’environnement dans le monde entier et bénéficie de dizaines d’années d’expérience des enquêtes sur l’abattage illégal et le commerce international de la faune et de la flore menacées et d’autres produits écologiquement sensibles.



Le transport soutenu de bois de rose en plein jour, sur des sections de routes surveillées par des postes de la gendarmerie, tant au sud qu’au nord d’Antalaha, démontre une sérieuse défaillance au niveau des lois – sinon la collusion active de l’autorité d’application de la loi avec les trafiquants de bois illégaux.



Dès lors, un groupe influent de « barons du bois » qui contrôlait le commerce du bois précieux dans la Région Sava a redoublé de pression sur le gouvernement pour exporter les bois précieux actuellement stockés dans toute la région, tant dans les dépôts ouverts que dissimulés dans les forêts, sous des piles de produits agricoles et cachés sous des bâtiments.



Le cyclone Gafilo, en mai 2004, a engendré une situation anarchique dans les parcs nationaux, les bûcherons profitant d'autorisations de sauvetage gratuitement attribuées pour extraire des quantités de bois précieux protégés qui étaient extrêmement disproportionnées par rapport aux dégâts réellement causés par le cyclone.



Pour conclure, tout bois précieux exploité dans la Région Sava avant septembre 2006 devrait être considéré comme illégal car les permis n'ont pas suivi les règles en vigueur. Tous les bois ainsi produits à Madagascar après septembre 2006 sont définitivement illicites, où qu’ils aient été exploités, en vertu du l'Arrêté interministériel 16030/2006.



La saison cyclonique 2006-2007 a fait beaucoup de dégâts dans la région nord-est de Madagascar ; par conséquent, l'Administration forestière a octroyé des « permis de ramassage » pour les bois précieux endommagés à tout demandeur sans qu’il ait à être inscrit auprès de l'Administration forestière comme opérateur forestier (“exploitant”) ni qu’il doive faire preuve de compétences techniques forestières. Les permis initiaux ont été émis pour des zones non spécifiques dans le District d'Antalaha, qui a été affecté par le cyclone ; le chef du District de Vohémar serait alors intervenu pour s'assurer que des permis de collecte avaient également été délivrés pour des zones non spécifiques de Vohémar, alors que ses forêts n'avaient pas été affectées par le cyclone.



En juillet 2009, en réponse au tumulte suivant l’intensification subite des activités illégales dans les parcs nationaux de la Région Sava, le ministère des Forêts a demandé une enquête sur la légalité du bois stocké dans les 176 containers du port de Vohémar. L’enquête a établi que « sur (...) 7 opérateurs enquêtés, 5 ont commis des infractions à l’encontre de la législation forestière »



Il est de nouveau apparent en 2009 que les négociants sont décidés à se donner beaucoup de peine pour continuer l’activité d’exportation, même si ces activités sont considérées irrégulières. Par exemple, en janvier 2009, des bûcherons mécontents ont protesté à Sambava, ce qui a abouti au pillage et à l’incendie des bureaux de l'Administration forestière ; cette manifestation aurait été orchestrée par des négociants en bois. Il a également été rapporté qu’une délégation de négociants d’Antalaha s’est rendue à Antananarivo le 10 avril 2009 pour rencontrer la HAT (Haute Autorité de Transition, le gouvernement transitoire) pour « discuter » de l’interdiction d’exporter des bois à partir du port de Vohémar15. Dans une réunion présidée par le Chef de la Région d’Antalaha à la suite des protestations du 24 et 25 août – qui ont eu lieu après que des fonctionnaires chargés de l’application de la loi forestière avaient saisi un bateau  transportant du bois illégal –, des responsables ont évoqué « le problème de mise en oeuvre du contrôle de la circulation des bois précieux à Antalaha ». Les opérateurs, ou négociants en bois, ont exigé des autorités qu’elles réalisent la « levée de suspension d’exportation au Port de Vohémar » et « l’évacuation par exportation de bois précieux au port de Vohémar et en dehors du Port dans un meilleur délai »



Hormis les rumeurs de corruption sur des agents de Madagascar National Parks, ceci concerne aussi tous les Services et entités locaux pouvant être impliqués dans la filière bois : le Service des Eaux et Forêts (DREEF), la Gendarmerie, la Justice, les transporteurs, les Fokontany ainsi que les Mairies. Si cela s’avère être aussi exact, ne serait-ce qu’en partie de chaque maillon de la chaîne pénale, il est difficile d’espérer un assainissement de la filière dans le court terme sans une mesure drastique. »



En 2009, huit navires porte-containers ont quitté Vohémar avec à leur bord un total de 19 730 rondins et 50 584 planches dans 324 containers autorisés par le MEF (voir Annexe 9)ix. Cela revient à environ 9 700 tonnes de bois de rose. En prenant l’hypothèse d’un diamètre moyen de 0,3 mètre et d’une longueur de 2 mètres, une moyenne de 55 rondins tiendraient dans un container de 20 pieds/30 tonnes ; cette estimation a été confirmée par l’inspection des containers effectuée par l’équipe d’enquête au port de Vohémar



En résumé, le revenu quotidien moyen des personnes employées pour exécuter des travaux pénibles et souvent dangereux – allant de la coupe au chargement des lourds rondins sur des remorques en passant par le tirage et le transport par radeau et bateau – est de 6 000-10 000 MGA, ce qui ne suffit même pas à acheter deux bouteilles de bière dans les villages forestiers reculés, ou environ deux repas dans la ville d'Antalaha.



Les banques impliquées dans le financement des exportations de bois précieux depuis la Région Sava affectent des capitaux étrangers vers le commerce du bois. En 2009, toutes les exportations déclarées de la Région Sava ont été financées soit par la BFV-Société Générale, filiale malgache de la banque française Société Générale (45 % de prêts par valeur) ou la Bank of Africa, filiale du Bank of Africa Group (55 % des prêts). Bien que les exportateurs entraînent essentiellement des relations avec des gestionnaires de comptes dans les filiales, tous les prêts impliquant des exportations ou des devises étrangères sont approuvés au niveau du siège social à Antananarivo.

Toutes ces données nous montrent qu'il y a des défaillances dans tous les secteurs, et ce, depuis de nombreuses années. Que ce soit les opérateurs directement impliqués, mais également les banques chargés de les financer, ou de la corruption généralisés à tous les niveaux de l'administration. La population est également impliquée, mais on ne peut pas lui en vouloir, car c'est la seule activité qui lui permet d'avoir un salaire journalier. Toutefois, la différence entre les bénéfices de ces opérateurs et les travailleurs sur place est monstrueuse ! C'est salaire qui est destiné à les faire survivre, et non à espérer une vie meilleure. Ce qui est triste est que la population locale prend ces opérateurs pour des bienfaiteurs, et qu'elle n'hésite pas à les défendre s'ils sont menacés ou poursuivis par le gouvernement.

Un autre aspect est de multiples ordonnances juridiques se contredisent, d'abord on interdit, ensuite on autorise sous certaines conditions, on restreint de nouveau, et ca n'en finit pas. Tous ces cafouillages juridiques font la belle affaires des trafiquants dans tous les niveaux. La pression de la corruption et du trafic d'influence n'a jamais été aussi forte.

A terme, on peut craindre une disparition conséquente de tous les aires protégés dans cette région.

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