mardi 24 novembre 2009

Madagascar : Les Bas Quartiers comme bouc-emissaire

Dans toutes les crises que nous avons vécues, les bas quartiers ont toujours étés pointés du doigts, principalement à cause du fait que leurs habitants vivent dans une grande pauvreté. Toutefois, il est nécessaire de les connaitre, de les comprendre, et de ne pas toujours s'en servir pour fuir ses propres responsabilités.


La définition  officielle des bas quartiers


En plus d'un connotation sociale les tirant vers le bas, ces quartiers se trouvent dans la partie basse d'Antananarivo, par exemple, Isotry, Antohomadinika, les environs d'Andranomanalina, etc. Les origines de ces quartiers restent floues, mais on estime qu'ils datent de la colonisation, et que la majorité sont des descendants d'esclaves qui n'ont pas été favorisés par la suite. On peut s'étonner, car c'est tout le pays qui était sous la coupe des colonisateurs, mais une catégorie a toujours servie dans les basses besognes. Mon article sur l'échec de la démocratie et du développement le démontre dans une certaine mesure. Ces quartiers sont également les premiers touchés lors des inondations, et des passages de cyclone. La saleté et la cacophonie qui en résulte donne plus de poids à cette appellation.

Les habitants de ces quartiers représentent tout ce qui est négatif, d'échec, et de précarité dans nos sociétés modernes. On pourrait dire crument qu'ils sont les rejetons rejetés d'une société basé sur la réussite et l'apparence extérieure. En effet, certaines études ont montrés que même les responsables locaux et étatiques ont argués du fait que cette population était sale, injurieuse, violente, etc. Autant de cliclés qui sont toujours d'actualité.

La précarité est leur lot quotidien, et même leurs métiers en est le reflet, ainsi la majorité vivent dans le secteur informel, en vendant sur les rues, et en effectuant des petits travaux d'agriculture. En fait, la plupart sont chomeurs, et vivent de petits boulots qui leur donne juste de quoi vivre au jour le jour.

Malgré le fait que la société malgache est fière de son  fihavanana, on peut s'étonner du mépris et de la honte qu'inspire les bas quartiers. La plupart du temps, on les évite, et si par malheur, la situation financière force certains à y vivre, on les évite également, et on fait la grimace rien qu'en entendant le nom du quartier.

Pauvres mais fiers !


Ce qu'on remarque avec ces habitants, c'est leur expression qui montre qu'ils ont peut être subis des échecs, mais qu'ils ont encore leur fierté, ainsi si vous leur demandez : Comment ça va les affaires ?, ils vous répondront un truc du genre :" Mandeha tsy kelykely (ca va doucement). Le  kekykely est récurrent, et montre qu'ils ont tendance à relativiser leurs problèmes, et c'est valable pour tous, que ce soit la santé, l'état de leur logement, le boulot, etc. On peut même dire que c'est de la résignation, certains ont compris qu'on s'occupera jamais d'eux, et que c'est mieux de prendre le bon coté des choses.

Un parfait bouc émissaire


Que ce soit la crise de 1972, de 2002 ou de 2009, les bas quartiers ont étés le parfait bouc émissaire, et on les a accusés de tous les maux possibles. Les joueurs de rugby de ces zones sont les  casseurs et les  fauteurs de troubles par excellence. Même si c'est en partie vraie, ce serait offensant pour le genre humain de les traiter de la sorte. Les habitants des bas quartiers sont l'exemple d'une extrême pauvreté, mais leur dimension sociale est une grande leçon de solidarité. En effet, il n'est pas rare que ces habitants décident eux-même du nettoyage de leur zone, car ils sont inexistants pour les communes. Mais la politique compte sur les bas quartiers, car ils peuvent servir à de nombreuses choses. La première est les voix électorales en promettant des choses qu'on ne pourra jamais faire. Le fait est que la pauvreté n'enlève pas l'espoir, et si un escroc sait utiliser sa belle langue, de nombreuses personnes vont tomber dans le panneau, car ils n'ont plus rien à perdre.

Mais mettons de coté de la politique, et penchons-nous sur notre propre cas, à quoi pensez-vous quand on prononce ce nom des bas quartiers. Si la moindre accusation sans preuve est formulée contre eux, on dira :  Oui, ils en sont bien capables. Les jeunes désoeuvrés sont également une cible facile, et comme le chomage est leur vie quotidienne, ils sont prêt à accepter un boulot aussi douteux que soit-il.

En plus d'être des bouc émissaires physiques, les habitants des bas quartiers cristallisent toutes nos émotions négatives. C'est tellement facile de les accuser de nos propres erreurs n'est ce pas ? La haine et la frustration que nous avons face à certains évènements nous force parfois à trouver des cibles facile et vulnérable. Cela permet de nous croire supérieur, et éviter de faire face envers nos propres responsabilités.

Une solution à proposer ?


Je vais faire simple, il n'y en pas, tout simplement parce que les bas quartiers sont nécessaires pour faire croire à une société parfaite, où tout le monde forge sa vie à la force de son poignet. Évidemment, on fait parfois des gestes pour soulager notre conscience tels que les dons, mais ils ne sont que symboliques, et n'apportent aucune solution concrète. La transition actuelle avait lancé il y a quelques semaine, une association ayant pour but de  défendre les bas quartiers afin qu'ils ne soient plus manipulés. Vaste programme ! Mais qui prouve qu'on est parfaitement au courant du problème. De plus, une propagande efficace est de dénoncer des méthodes qu'on n'hésite pas à utiliser dans son propre intérêt. Et les autorités actuelles sont les champions incontestés de ce type de méthode.

Articles les plus consultés

Contactez-moi

Nom

E-mail *

Message *