mercredi 29 juillet 2009

Madagascar : Les métiers pauvres

Il est parfois indispensable de parler de métiers qui sont pas reconnus, et qui sont en marge de la société, car on a honte que ces métiers puissent exister dans notre monde soi-disant d'égalité. La particularité des métiers pauvres, est qu'ils sont épuisants pour un salaire minable. Ils sont légions à Madagascar comme dans d'autres pays en développement. A Madagascar, cela va du mécanicien qui travaille sans aucun équipement de sécurité aux tireurs de pousse-pousse de marchandises en passant par les dockers qui est le summum du métier pauvre.

Certains offrent des débouchés comme les mécaniciens, si le mec est doué, il peut devenir populaire et s'occuper de gros clients, et à terme, lui permettre d'ouvrir sa propre affaire, mais ce genre de cas est rare, et la plupart travaillent du matin au soir pour un salaire journalier. Notre deuxième catégorie est les tireurs de pousse-pousse, dans les provinces, ils transportent des personnes, et c'est le transport le plus commun et le moins cher, évidemment comment évaluer la force des jambes ? Mais le pire sont les tireurs de pousse-pousse de marchandises, ils sont les plus fréquent dans la capitale Antananarivo, ils doivent tirer des charges frisant les centaines de kilos sur de longues distances, et pour un salaire qui ne dépasse pas 1 euros par voyage. Vous pensez bien qu'ils dépensent ce maigre salaire en mauvais alcool pour oublier la fatigue. De plus, ils doivent supporter les insultes des automobolistes parce qu'ils sont lents, et les policiers leur font rebrousser chemin après qu'ils aient parcourus la majorité de leur trajet, car ils ne peuvent pas se défendre, et que les belles routes du centre-ville ne doivent être enlaidies par un spectacle affigeant.

Enfin, on a les dockers ou caristes si on veut rester correct. Ils sont payés à la tonne, et leur salaire dépassent rarement les 100 000 ariary par mois, soit 50 euros. Ils commencent du matin jusqu'au soir, ou même à la nuit tombée. Ils sont chargés de décharger les conteneurs, de classer les marchandises dans les dépots, de les livrer, et tout ça sans aucune sécurité sociale. J'ai travaillé dans une entreprise de métallurgie, et on m'avait chargé de prendre des TPN (Tole Plane Galvanisé) directement au dépot du fournisseur. Pour ceux ne connaissent pas, ces toles sont lourdes et tranchantes comme des lames de rasoir, une fois que mon chargement est terminé, je suis parti. Le lendemain, j'apprend qu'un des dockers a eu la main coupé parce qu'il n'a pas pu porter la tole, et qu'elle lui est tombée dessus. Le patron de l'entreprise lui a donné environ 10 000 ariary soit 5 euros !! Quand le mec a voulu porter à l'inspection du travail, le patron a grassement payé l'inspecteur, et l'affaire a été classé sans suite. Et ce genre d'affaires sont nombreuses, car la corruption est le principal ennemi des métiers pauvres, ils n'ont presque aucun recours devant la loi, et ils vivent leurs vies sans se préocupper des problèmes du pays.

Aucun gouvernement ne s'en occupé, et je pense qu'aucun ne le fera parce qu'ils ne sont pas riches, et ne représentent pas un investissement rentable. Mais nous, ceux de la classe moyenne, qui vivons confortablement, avons également une part de responsabilité dans ce domaine. C'est grace à eux que nous sommes la classe moyenne, l'économie qu'ils nous font faire nous donne l'impression d'être riche. Le racisme financier est également un gros problème, nous dénigrons ces personnes parce qu'ils ne représentent rien à nos yeux. Il est temps de faire des efforts pour plus d'égalité dans nos sociétés, nous devons essayer de comprendre ces personnes, et les aider en dénoncant les pratiques dont ils sont victimes tous les jours.


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