mardi 8 octobre 2013

Nosy-Be, l’île de tous les vices et délices

 

La vérité est la principale victime dans un crime. Les meurtres et les troubles à Nosy-Be font la une des journaux internationaux et nationaux. Et étant donné la nature bizarroïde de ce crime, chaque partie estime qu’elle est dans son droit. La réaction des malgaches dans les commentaires des médias était que c’était des pédophiles et donc…

Les médias étrangers parlent de cruauté, de barbarie et de primates avides de sang et de chair humaine. Le Monde a même écrit un article intitulé Au service de Sa Cruauté (Sans doute une référence au livre Sa Majesté des mouches). C’est un titre bien trouvé et je prend le parti des victimes, pas de l’enfant, mais des personnes qui ont étés lynchées.

Car ce type d’acte ne prouve pas seulement d’une façon certaine que ce pays n’a plus de justice ou d’Etat de droit (cela fait 40 ans que ces concepts reposent dans le cimetière des oubliés), mais cela prouve aussi que les personnes qui ont commis cet acte ne peuvent plus être qualifiés d’êtres humains. Le principal problème dans cette affaire est que chaque partie tente de se dédouaner en oubliant une chose fondamentale –> Des personnes ont battues à mort et brulées vives par une populace.

Si les victimes avaient étés la cible d’une bande de quelques individus patibulaire, mais presque, on aurait simplement dit : D’accord, c’est un acte commis par une bande de trouducs. Mais cette fois, la population entière est coupable, car soit, elle a participée, soit elle n’a rien fait pour l’empêcher. Quand on arrive au point qu’on a tout le temps de filmer ou de photographier ces victimes et qu’on ne fait rien pour l’arrêter, cela signifie qu’on a atteint un point de non-retour et que les actes de cette populace sont impardonnables quelque soit la situation.

Les xénophobes de tout poil et racistes mal famés (une espèce qu’on rencontre fréquemment dans les banlieues des villes françaises) clament haut et fort que c’était des pédophiles et des trafiqueurs d’organes humains et qu’ils ont mérités ce qui leur arrive.  On voudrait répondre que la pédophilie et la fausse accusation de trafic d’organe existe depuis quelques décennies et je me demande pourquoi on ne fait rien à la source plutôt que de s’attaquer à quelques boucs-émissaires. L’accusation du trafic d’organe est récurrente dans le folklore malgache afin d’attiser la haine de l’étranger. En fait, c’est lié à des superstitions locales et autres débilités du même acabit. Si le Vazaha ne joue pas son rôle dans la société malgache et qu’il se tient à l’écart, alors il est automatiquement un monstre qui prélève des organes d’enfants pour alimenter un Biby-Omby qu’il garde dans la cave de sa maison.

Le fait est que cet enfant n’avait plus d’organe ou qu’il ait été abusé n’a aucune importance, car rien ne justifie ce que la population de Nosy-Be a fait à ces personnes. Par ailleurs, personne n’a le moindre bon sens pour dire que les organes manquants peuvent s’expliquer par le fait que le corps de l’enfant ait passé plusieurs jours en mer à la merci des crabes et des poissons avides de chaire humaine. Il aurait été judicieux de bruler et lyncher les crabes plutôt que des êtres humains à mon avis.

Il y a une chose que j’appris en observant ce pays. Il n’y a rien de spontané qui arrive dans ce pays. Tout est toujours planifié. La preuve est que les médias ont rapportés 5 cas de vindictes populaires dans différents endroits de Madagascar le même jour. Les jours suivants, des tracts ont circulés appelant à la chasse au Vazaha et c’est une coutume fréquente lorsque ce pays travers une zone de turbulence avec les élections qui approchent.

Les autorités malgaches, connes comme elles sont, ont parlés d’incidents sur le massacre de Nosy-Be. Si ces actes étaient des incidents, alors comment pourrait-on qualifier les exactions commises résultant en des centaines de victimes par les militaires dans le sud dans une prétendue chasse au Dahalo ? De légères altercations avec la population locale ? Mais il a suffit que la France tape du poing sur la table et annonce l’ouverture d’une enquête pour qu’on arrête plus de 30 personnes en quelques jours.  On voit que le coup des arrestations rapides propres aux bombinettes artisanales marchent toujours. Mais on pourrait se demander :

Pourquoi il n’y a pas d’enquête approfondie pour déterminer la vraie cause de la mort de cet enfant ?

Pourquoi des dizaines de personnes ont pu massacrer les victimes en tout impunité sans que personne n’intervienne.

Le plus triste dans cette histoire est que les coupables et leurs commanditaires (car il y en a certainement derrière) étaient tellement sûr de leur impunité qu’ils pensaient que rien ne pourrait leur arriver même s’ils devenaient des animaux enragés envers des personnes qui n’avaient rien fait jusqu’à preuve du contraire par un procès en bonne et due forme. Ils ont pensés que la France ne ferait rien et que cette histoire serait oubliée en quelques jours. Evidemment, aucun touriste n’est assez con pour aller à Nosy-Be dans l’état actuel. Et non messieurs les opérateurs touristiques, Nosy-Be n’est plus une ville sûr. Non, non et NON ! On ne peut pas qualifier une ville de destination touristique idéale lorsqu’une population entière peut battre et bruler vif des êtres humains.

Concernant la pédophilie, je répète que c’est une chose qui existe depuis belle lurette. Il suffit de se balader dans l’Avenue de l’indépendance à Analakely pour s’en rendre compte. La pédophilie est un sujet délicat à Madagascar, car il y a aussi des parents qui vendent littéralement leurs enfants pour faire bouillir leur marmite. En février 2013, une étude sur l’augmentation de la pauvreté avait démontré que 80 % des femmes et des enfants à Nosy-Be s’adonnait à la prostitution. Et pour rappel, le terme de prostitution s’applique à un acte volontaire. Et les lois du marché nous apprennent que lorsqu’il y a une offre alors il y aura forcément une demande qui va suivre. Plutôt que de bruler des touristes, vous feriez mieux d’apprendre à vos filles et vos garçons de ne pas racoler auprès des étrangers qui débarquent à peine de l’aéroport.

Ce type de comportement implique que les coupables sont des lâches de la pire espèce. Ils ne sont pas capable de résoudre les problèmes qui minent leurs sociétés en profondeur alors ils évacuent leurs frustrations par des actes aussi ignobles qu’inhumains. Si la pauvreté vous force à vendre vos corps et vos âmes, alors combattez la corruption et vos politiciens car ce sont eux qui sont les vrais responsables.

Articles les plus consultés

Contactez-moi

Nom

E-mail *

Message *