jeudi 1 novembre 2012

Parlons censure et diffamation

 

Alors que je comptais mes sous en prévision de la hausse de 400 ar des taxi-be, j’ai vu passer cette info sur Twitter où on assiste à une escalade dans l’affaire des révélations d’Alain Ramaroson. Ce dernier a publié des noms de personnes hauts placés qui seraient impliquées dans le prétendu crime concernant Nadine Ramaroson. Ca, c’est le premier point et notez aussi que la plupart des médias malgaches n’ont pas relayés cette information. En fait, même moi, je n’en ai pas parlé parce que j’ai une confiance plus que limitée en Alain Ramaroson et ses soi-disant preuves irréfutables. Mais cette affaire prend une autre tournure dans sa couverture médiatique, car étant donné que les médias malgaches n’ont pas fait le buzz pour éviter de perdre leur beurre. C’est le blogueur Alain Rajaonarivony qui a décidé de publier les grandes lignes de l’affaire avec les noms à l’appui.

Quelques semaines plus tard, ce blogueur annonce qu’on a porté plainte contre son article, car ce serait des propos diffamatoires. Et la plainte a été annulée vu que le blogueur est un relayeur d’informations et non son créateur. Tirer sur le messager alors qu’on n’ose pas toucher au créateur du message relève de l’absurde. Mais une autre plainte a été déposée dont le jugement se tiendra en janvier 2013. Quel que soit l’approche sur cette affaire de plainte contre le blogueur, l’attaquant est dans son tort. Alain Rajaonarivony n’a pas crée le rapport et il ne l’a pas modifié. La diffamation serait valide s’il avait donné 4 noms au lieu des 3 mentionnés par Ramaroson. Il n’avait fait que partager une information et tenter de le museler revient à de la censure pure et simple.

Maintenant, on m’a signalé sur Twitter que Ramaroson faisait aussi l’objet d’une plainte pour diffamation. Très bien, mais ce sont deux affaires séparées. La diffamation et le partage de l’information sont deux domaines complètement différents. Si la justice malgache (Gnark Gnark !) condamne Ramaroson pour diffamation, alors cette décision pourrait être utilisée comme un argument pour faire retirer l’article du blog. Mais tant que cette décision n’a pas eu lieu, la diffamation n’est pas avérée.

On pourrait croire que cette affaire ne nous concerne pas et que ce sont deux grosses têtes qui s’affrontent, mais une décision qui serait en faveur du plaignant serait un dangereux précédent. Par ailleurs, la procédure judiciaire n’est que le dernier recours où toutes les autres tentatives ont échouées. Quand on est attaqué dans un article ou autre, on a ce qu’on appelle le Droit de réponse et le blogueur ou média est tenu de le publier. Le Droit de réponse permet de parer l’attaque avec des arguments solides, mais on préfère censurer en amont ce qui provoquera l’effet Streisand (on parlera plus de l’affaire quand on tente de la faire taire).

Pourquoi un blogueur crée-t-il un article ? Pour exprimer son opinion ou parce qu’il n’est pas satisfait de ce qu’il entend ou de ce qu’il lit. Le truc est qu’on n’a pas le droit de le museler sous prétexte qu’on n’est pas d’accord avec ce qu’il publie. On en revient à cette problématique qui est : Ce n’est pas parce que quelque chose vous choque que c’est illégal ! Si on devait museler toutes les personnes qui partagent des informations prêtant à caution alors on devrait emprisonner tous les journalistes, les médias, les blogueurs, les utilisateurs de réseaux sociaux, ceux qui posent des vidéos et on pourrait même étendre l’interdiction jusqu’à l’évocation des personnes concernées. En fait, on devra enfermer 80 % de la population…

Il y a des opinions bien tranchées sur cette affaire parce que cela concerne la politique et à Madagascar, on a une cristallisation des débats et on réagit selon ses émotions et c’est normal. Mais c’est le fond de cette affaire qui me dérange le plus. Imaginons qu’une société fictive de téléphonie mobile appelée Pamplemousse Mobile arnaque ses clients. Un client mécontent décide de tirer à boulets rouges sur la marque et cette dernière utilisant le même principe que dans l’affaire qui nous intéresse pourrait attaquer le client mécontent non pas parce que ce dernier a forcément tort ou raison, mais simplement parce que l’article dérange et que cela peut ouvrir les yeux aux autres. Et cela ouvrirait la voie à des plaintes systématiques et le citoyen qui veut s’exprimer sera toujours lésé, car par principe, une entreprise sera toujours plus puissante et plus riche que le citoyen lambda qui doit compter même ses sous pour une hausse de 400 ar pour le taxi be. Le fait est qu’on n’ait plus la liberté de s’exprimer juste parce qu’on est pauvre et qu’on ne peut pas se défendre peut laisser indifférent certains d’entre nous. Mais personnellement, ce type de situation et de monde me terrifie !!

Et cet exemple trouve un parfait écho dans l’affaire qui a opposé un client mécontent au FAI Moov. L’affaire s’est réglée à l’amiable, mais on en est  déjà là !

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