lundi 10 septembre 2012

Le zébu et le chiffon rouge

 

On ne parle plus que de ça ! Des Dahalos par ci et des Dahalos par là. Chaque jour, les journaux, les radios et les télévisons se font un malin plaisir de nous montrer la catastrophe des Dahalos. A en croire certains, c’est quasiment toute une armée qui se dirige vers nous pour nous zigouiller (les généraux et les DJ d’abord). Mais en fin de compte, il convient de ne pas meugler comme un zébu lorsqu’on agite un chiffon rouge, car ce serait faire le jeu de ceux qui sont derrière tout ça. Parce qu’il n’y a que deux théories derrière l’augmentation croissante des Dahalos. La première est que des habitants de cette région ont été obligés de voler et de piller face à la sécheresse et à la famine. Qui se meurt de faim se rassemble donc. Et le résultat est qu’on a un groupe important d’hommes armés qui fait ce qui ce qu’ils veulent et quand ils veulent. La HAT, par son incompétence ou sa négligence, a pensée que l’armée résoudrait rapidement le problème, mais comme cette dernière pratique aussi le On fait ce qu’on veut quand on veut, on est confronté à des adversaires qui ne sont pas si redoutables, mais qui le sont devenus de facto, car il n’y a personne en face. Après tout, un chien peut inspirer de la terreur à un chat s’il aboie assez fort et montre les dents, mais cela ne signifie pas pour autant que le chien est devenu un animal très dangereux.

La seconde théorie est qu’il y a quelqu’un derrière tout ça. On peut être surpris par le fait que les Dahalos possèdent des armes modernes et qu’ils utilisent des tactiques de Guérillas. Le Sud a été toujours négligé par les gouvernements successifs et des petits chefaillons locaux peuvent avoir de l’ambition en supportant ce type de criminels. Une variante de cette théorie est que c’est le gouvernement qui est derrière tout ça (certains forumistes légalistes adorent cette théorie). Quand un pouvoir se rend compte que tout part en vrille, il instaure exprès un climat de terreur pour se présenter comme le sauveur par la suite. Ravalomanana utilisait aussi cette tactique, mais c’était à un niveau moindre. Il adorait surtout provoquer des délestages avant une échéance du gouvernement et à quelques jours de l’évènement, il faisait de grandes annonces et il n’y avait plus de délestages et tout le monde s’écriait : Voici notre sauveur. Utiliser les Dahalos pour occulter les vrais problèmes qui concernent tout le pays est efficace. Parmi les vrais problèmes, on a la pauvreté croissante, l’insécurité urbaine, l’organisation des élections, la libération des détenus politiques. Il est vrai que ce genre de problème n’est pas très vendeur pour les journaux, alors ces derniers en rajoutent une couche. On est sûr d’attirer l’attention du lecteur quand on leur montre des corps carbonisés ou des décapitations. Game of Throne, vous avez Game of Throne ??

Je ne peux pas croire que le gouvernement et l’armée soient totalement impuissants face aux Dahalos. Mais peut-être qu’ils ne sont pour rien dans cette histoire et qu’ils profitent de cette situation pour faire diversion. Mais c’est un gouvernement dont on connait les pratiques depuis belle lurette alors on ne s’étonne plus. Mais ce qui est vraiment incroyable est que les médias font le jeu du pouvoir. La dramatisation extrême du phénomène inspire une terreur à tous alors que le problème est encore éloigné de la capitale. Et le fait est qu’on parle plus des Dahalos à Tana que dans les régions qui sont touchées par le phénomène. Quand j’entends des termes tels que Epuration Ethnique, Bourbier ou Guerre Civil, j’ai honte pour ces personnes qui ne font qu’utiliser les expressions des médias occidentaux et qui ne reflètent absolument pas la vérité. D’accord, le problème des Dahalos est sérieux, mais ne tombons pas non plus dans l’excès médiatique, car cela cache les vrais problèmes.

La rumeur peut enfler à une vitesse folle et faire passer un simple lézard pour un dragon.

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