lundi 3 mai 2010

Quel avenir pour la blogosphère malgache ?

Lova a fait un petit topo sur l'état des médias citoyens, et certains constats sont très intéressants, et comme il demande mon avis, je dirais qu'il y a encore beaucoup à faire, et que la crise n'a pas forcément réveillé l'éveil citoyen.

La plupart estiment que cette crise malgache de 2009 est une répétition des erreurs passées ou des leçons qu'on n'a pas su retenir, mais qu'attendre de plus du manque de maturité des politiciens ? En fait, cette crise nous semble plus médiatisée par sa violence et le fait que de simples citoyens se sont appropriés les nouveaux outils de communications. Les plateformes Ushahidi, Twitter, Facebook, les pétitions en ligne, et les blogs ont permis à beaucoup de s'exprimer. Mais l'effort n'a été durable que pendant la crise, et je sens un essouflement dû à la lassitude, mais surtout aux moyens techniques.

Pourquoi ca ne décolle pas ?





La connexion et les équipements sont très chers, et c'est ce qui empêche la majorité de s'exprimer, mais également de consommmer en ligne. Ce blog a été actif depuis mars 2009 à raison d'au moins 1 article par semaine, et je vois les mêmes lecteurs commenter, il n'y a aucune nouvelle tête. La population ignore l'existence des médias alternatifs, et Madagascar n'est pas un cas isolé. Sur mon autre blog parlant de blogging, je discute souvent avec des blogueurs français, et ils disent tous la même chose... " les blogs ne sont pas reconnus par le grand public " et certains passent des années à bloguer assidument parce qu'ils croient changer les choses, mais ils se rendent compte que rien ne se passe. Je pense qu'on a tort de se faire des illusions, 10 000 articles de blogs ne changeront rien sauf quelques sursauts d'indignation parce que quoi que l'on fasse, cela restera toujours un article.

J'ai changé ma perception dans ce blog il y a de nombreux mois, et j'essaie de mettre tout ce qui se passe par la tête au lieu d'ecrire quelque chose d'important. C'est plus efficace, et parfois je fais de bons billets sans m'en rendre compte. La lettre du père Pedro est un exemple parfait, car je l'ai fait en quelques minutes, mais j'ai longtemps réfléchi avant de la publier, mais le nombre de réactions m'a surpris, car il a généré plus de 6000 visites en une seule journée. Toutefois, on ne doit pas s'exciter, car c'était surtout des réactions de défense instantanés plutot qu'une argumentation en bonne et due forme.

Les quelques citoyens qui se sont réveillés seront toujours actifs (par exemple moi, sauf si je meurt ou qu'on m'offre un Hummer !), car ils ont compris la force des nouveaux médias, mais ils ont surtout appris à trier les informations, à ne pas se fier aux médias locaux qui ont montrés clairement leur limite pendant les moments forts de la crise.

L'avenir des blogs malgaches





On a vu que les gens ne connaissent pas les nouveaux médias, et ils le pourraient car la connexion est abordable dans les cybers café. C'est ce que j'ai toujours fait au début, mais la baisse des tarifs aux connexions domestiques est obligatoire pour que les gens soient à l'aise pour consommer en ligne. L'éveil citoyen n'est pas juste de critiquer les politiciens, mais également de se poser des questions sur sa place par rapport à la société qu'il décrit. Une implication plus grande est nécessaire, mais là encore, on tombe dans les travers de blocages diverses. De plus, les médias traditionnels sentent cette nouvelle concurrence aussi embryonnaire que soit-elle, et cela m'étonnerait qu'on laisse dire nos propres opinions qui risqueraient d'être bien accueillis par la population.

Un autre problème qu'on remarque est l'éparpillement de la blogosphère malgache, car c'est difficile de dire combien il y a réellement des blogs. On devra trouver un moyen de les centraliser sinon on ne les remarquera jamais. Le nombre de visiteurs est inversement proportionnel par rapport aux commentaires, et ces derniers encouragent le blogueur à continuer. Il y eu un temps en février 2010 où j'ai arrêté de me connecter pendant environ 1 mois suite aux problèmes techniques qu'on a mentionné, et ce sont des dizaines de mail et messages privés sur Twitter qui demandaient de mes nouvelles. La moitié des mails croyaient que j'étais mort...On n'est pas en Birmanie que je sache !! Maintenant est-ce que le blogueur a un devoir de communiquer et partager...je ne sais pas, mais ils sont nécessaires dans un pays où l'information est filtrée au maximum. En fait quand on regarde de plus près, combien de débats totalement ouvert existent dans les télévisions ? On fait taire la voix de la majorité silencieuse les rares fois où elle veut s'exprimer.

Ce serait dommage de gâcher toute cette activité citoyenne juste parce que la crise s'enlise ou qu'elle est sur le point de se terminer. Je pense que les blogs doivent devenir plus sociaux, se préoccuper des problèmes de société, mais les tabous sont aussi fréquents. Et n'est-ce pas ce qu'avait affirmé un intervenant au barcamp de 2009, que le principal problème vient que les personnes rechignent à partager leur problème ?

En tout cas, j'espère que les blogs malgaches se comporteront comme un organisme vivant, car selon les lois de l'évolution, un organisme ne disparait jamais totalement...

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