Madagascar poursuit son chemin au travers ses crises politiques, sociales et économiques, mais il y a une chose qui n’a pas changée depuis des décennies et c’est les paiements en ligne. Le pays connait une petite révolution numérique avec l’internet mobile et sa formidable pénétration dans les recoins les plus reculés. Le paiement par mobile s’est aussi vulgarisé, mais tout cela reste entre les 4 murs du pays. Essayez seulement de payer en ligne à l’étranger et on se rend compte qu’on est dans une véritable prison bancaire. Paypal est le moyen le plus sûr de payer en ligne à travers le monde et il est disponible dans plus d’une centaine de pays sauf Madagascar. Il est risible de constater qu’un malgache peut ouvrir un compte Paypal, mais qu’il ne peut pas le débiter ou le créditer. On pourrait le lier à un compte bancaire, mais cela ne marche que pour les comptes bancaires américains.
La seconde solution est de lier son compte Paypal à Madagascar avec une carte de crédit telle que Visa ou MasterCard, mais là, c’est les banques malgache qui font un blocage. J’adore le logo des distributeurs automatiques de la BOA qui acceptent la VISA, mais attention, c’est une carte VISA nationale et donc, on ne peut pas l’utiliser avec Paypal. Il n’y a aucune banque qui délivre une carte de crédit internationale sauf si on veut payer un dépôt faramineux à la BMOI qui est l’une des rares à proposer ce service. La seule solution est d’utiliser les virements bancaires et je dois dire que c’est plutôt rapide, mais les frais de virement peuvent atteindre les 15 % du montant, donc faites le calcul du bénéfice de la banque si vous recevez 100 euros…
Des initiatives ont étés lancées pour que Paypal couvre Madagascar, mais ce n’est pas la faute de Paypal, mais bien du manque de volonté du secteur bancaire malgache. Entre les années 1990 et 2000, Madagascar était une plaque tournante du blanchiment d’argent et donc, ce secteur est dans la liste rouge des législations contre ce fléau. Malgré des efforts de transparence, on se rend compte que les banques malgaches ont toujours une sale réputation même si les trois plus grosses banques à Madagascar sont des filiales de groupes étrangers (Crédit Agricole, Société Générale et Bank Of Africa)… Les banques savent pertinemment que si elles généralisent le paiement en ligne en le rendant accessible à tout le monde, elles vont perdre une grande partie de leurs bénéfices.
De nombreux malgaches qui possèdent des proches à l’étranger utilisent Western Union qui est le seul service valable pour recevoir de l’argent depuis de l’étranger. Il y a peu de vérification et le destinataire ne paie aucun frais, mais c’est toujours très couteux pour l’expéditeur. On remarque que tous les paiements en ligne à Madagascar ne vont que dans un seul sens comme si on voulait empêcher les malgaches de développer leurs activités par leurs propres moyens. Un travailleur web qui aurait des clients dans le monde entier et qui pourrait être payé facilement ne dépendrait pas de la situation économique locale de Madagascar où on peut perdre son emploi du jour au lendemain.
Le problème ici est que la révolution numérique malgache promis par nos politiciens ne verra jamais le jour si on ne fait pas d’efforts drastiques pour assouplir le secteur bancaire. Une telle révolution s’accompagne de nouvelles opportunités d’emplois et Madagascar peut devenir très compétitif grâce à la délocalisation, mais comment envisager un tel avenir si on décourage tous les clients potentiels. Je rêve d’un Madagascar où on pourra effectuer des paiements en ligne grâce à son téléphone portable. Imaginez ! Une personne vous envoie de l’argent depuis l’Himalaya sur votre compte mobile Orange, Telma et Zain et vous le récupérez tranquillement auprès d’un des points de vente avec une simple pièce d’identité. Utopie, Rêve Fou et Espoir symboliserait un tel Madagascar !
PS : D’après mes recherches, il y a bien Moneybookers qui supporte les comptes bancaires malgaches, mais cette plateforme a une réputation d’arnaque et elle n’est pas aussi populaire que Paypal sans compter qu’elle n’est pas bien représentée sur les modes de paiement des boutiques en ligne ou des hébergeurs web.